συνέντευξη - entretien

09/12/2007

L'autre Pénélope

A travers les oliviers vient Pénélope
avec ses cheveux attachés à la va-vite
et une robe achetée au marché
bleu marine avec des petites fleurs blanches.
Elle nous explique que ce n'était pas par dévouement
à l'idée "Ulysse"
qu'elle laissait les prétendants pendant des années
attendre sur le parvis
des habitudes secrètes de son corps.
Là-bas dans le palais de l'île
avec les horizons factices
d'un amour doucereux
et l'oiseau qui par la fenêtre
ne conçoit que ça, l'infini
elle avait dessiné elle-même avec les couleurs de la nature
le portrait de l'amour.
Assis, une jambe croisée sur l'autre
tenant sa tasse de café
matinal, un peu boudeur, un peu souriant
sortant tout chaud des plumes du sommeil.
Son ombre sur le mur
marque d'un meuble qu'on vient juste d'enlever
sang d'un meurtre ancien
unique représentation de théâtre d'ombre
sur la toile, derrière lui toujours la douleur.
Inséparables, l'amour et la douleur
comme le petit seau et le gamin sur le sable
le ah ! et un cristal qui nous glisse des mains
la mouche verte et l'animal tué
la terre et la bêche
le corps nu et le drap en juillet.

Et Pénélope qui écoute maintenant
la musique suggestive de la peur
les percussions de la démission
le doux chant d'une journée tranquille
sans changements brutaux de temps et de ton
les accords compliqués
d'une immense reconnaissance
pour ce qui n'a pas été, n'a pas été dit, ne se dit pas
secoue la tête non, non, non, pas d'autre amour
plus de paroles et de chuchotements
de frôlements et de morsures
de petits cris dans l'obscurité
d'odeur de chair qui brûle à la lumière.
Le sanglot était le prétendant le plus exquis
et elle lui a fermé sa porte.

Traduction Marie-Laure Coulmin Koutsaftis

"Ωραία έρημος η σάρκα", in "Ποιήματα 1986-1996", Kastaniotis.